mardi 26 avril 2011

Entreprise & Carrières n°1045 du 19 avril 2011
La confiance, secret de fabrique

Les études menées par les observatoires spécialisés dans le climat de travail en entreprise révèlent que la confiance des salariés envers leurs dirigeants s’effrite. De nombreux sociologues font le même constat. Le travail a perdu de son sens, les personnes se retrouvent embarquées dans de nouvelles formes de taylorisme qui découpent le travail en rondelles et en distribuent un morceau à chacun, assorti de ses objectifs et indicateurs.

Heureusement, d’autres études explorent l’univers des bonnes pratiques. Le classement “Great Place to Work”, par exemple, est toujours riche d’enseignement, car il souligne ce qui favorise l’attachement des collaborateurs à leur entreprise. Régulièrement, le climat de confiance y est mis en exergue, comme un vrai secret de fabrique des « entreprises où il fait bon travailler ».

Crédibilité des managers. Les responsables y sont jugés compétents et proches de leurs collaborateurs. Ils connaissent leur métier, sont de bons communicateurs des priorités stratégiques et apportent une vraie valeur ajoutée aux équipes. A l’inverse de ceux qui justifient leur rôle par le pouvoir des galons, ils savent écouter, entraîner les personnes, partager leur passion et leur détermination. Ce sont des managers d’équipe, qui transmettent autour d’eux une confiance durable.

Transparence. La communication est ouverte et sans tabou. Les managers regardent la réalité en face, sans supériorité ni complaisance. Ils n’essaient pas de dissimuler les problèmes ; chacun peut poser des questions, parler vrai. Chaque collaborateur connaît les orientations stratégiques, les résultats, et peut participer activement aux solutions. Ce climat d’ouverture et de transparence est essentiel pour cultiver la confiance. Comment croire en son entreprise si les informations sont tronquées, déformées ou sélectives ? Très vite, les décideurs sont soupçonnés de dissimuler la vérité et le doute s’installe…

Respect témoigné aux collaborateurs. Toutes les organisations vous racontent qu’elles mettent l’homme au centre de leur performance. Mais les comportements quotidiens en disent souvent plus long que les discours. Les managers disent-ils bonjour à leurs collaborateurs, merci, s’il vous plaît ? Les moins gradés osent-ils s’exprimer en réunion et sont-ils écoutés ? Chacun est-il apprécié pour sa contribution, félicité quand il produit un travail de qualité ? Les salariés ne sont pas masochistes : ils s’attachent plus facilement aux entreprises dans lesquelles ils se sentent considérés et respectés.

Comportement équitable. Les salariés attendent davantage de justice et d’équité au travail. Ce n’est pas toujours facile, lorsque chaque salarié fait des horaires différents, voudrait prendre ses congés à des moments qui l’arrangent, a des objectifs individuels différents du voisin, veut participer à des réunions qui ne sont pas de son périmètre… rester équitable se transforme parfois en vrai casse-tête pour le manager. Difficile également de rester neutre et de ne pas avoir de favori. Alors, adopter une seule règle de conduite valable pour tout le monde ? Ce serait se priver de la flexibilité. Ne pas marquer de différence, même dans les récompenses ou les augmentations ? Ce serait pénaliser les plus engagés… L’équité est tout un art. Mais les salariés ne s’y trompent pas : ils donnent leur confiance à celui qui sait se montrer juste et sans parti pris.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris
Source Entreprise et carrières